mardi, juin 21, 2005

Mon premier IM!!!!!

Bonjour à tous,
Je vous fais un récit brut de la journée. Je mettrai plus tard un post sur l'avant et l'après course et les idées d'entrainement pour une prépa IM que cela m'a donné!

"Lever 4H, j’ai dormi comme un bébé et c’est ma femme qui me tapote le dos pour me réveiller…je n’ai même pas entendu le téléphone sonner.
No stress !
L’hôtel a préparé un petit déjeuner spécial pour l’évènement. Sympa !

4H30 : départ pour le parc.

5H : arrivée au parc : je gonfle mes pneus, mets le compteur, les bidons, les chaussures, vérifie que tout est ok, fais un passage par mes sacs de transition pour déposer 2-3 bricoles et laisse mon sac ravito perso vélo.

6H : J’enfile ma combi, me tartine de Nok ET Vaseline au niveau du cou. Et je savoure le moment en regardant les athlètes descendre vers l’aire de départ natation.
15’ de bonheur qui m’appartiennent.

6H15 : Je fais un dernier baiser à ma douce, une poignée de main virile à Mitch (Enfin, son vrai prénom c'est Pierre), et je descends à mon tour. Je me place dans le sas « 1H10 », en 3ème ligne. Le speaker annonce 3’ avant le départ et nous nous mettons à taper dans nos mains… Je suis bien, heureux d’être là. Je profite de chaque seconde.
6H30 : c’est le coup de feu. Je me jette à l’eau et prends le rythme de ceux qui m’entourent. Cela part assez vite mais pas trop, donc je reste dans le paquet. Impossible de voir où on va, où sont les bouées rouges, je me contente de suivre. Je ne me fais pas trop bousculer, je trouve ma place. Tout se passe bien. Par contre, je ne respire qu’en 2 temps car j’ai le soleil rasant dans la figure sur la gauche et le rythme est quand même assez soutenu…(de plus je ne me suis pas échauffé…)
Le retour de la première boucle me permet d’avoir un peu plus d’espace et de nager en alternant 2 temps et 3 temps. Le goulot formé par les boudins gonflables pour nous canaliser sur la sortie à l’australienne nous tasse un peu. Je me prends un coup dans le bras et … je perds ma montre… Ma fidèle casio de 10 ans d’âge qui m’a accompagné dans tous les entraînements. Elle restera là en offrande à l’IM. Sa mission est achevée. Je me dis qu’au fond ce n’est pas plus mal. Inutile de se focaliser sur le chrono. J’avance jusqu’à 1m du bord dans 20cm d’eau pour ne pas avoir à marcher sur les galets, les bénévoles sont là pour m’aider à sortir. Et c’est parti pour le second tour ! La sortie à l’australienne a permis de disperser un peu les nageurs et je vise la bouée rouge au loin. Je me retrouve rapidement à au moins 20m sur la gauche des autres compétiteurs. Pourtant j’ai bien la bouée en ligne de mire…Je doute quelques instants d’avoir raté une bouée… pourtant non… Un kayakiste m’encourage et ne me dis rien d’autre donc…Mes accompagnateurs me diront que les nageurs effectuaient un arc de cercle en se suivant au lieu d’aller tout droit.
Je continue mon petit bonhomme de chemin. Je nage en 3 temps à présent en allongeant bien comme il faut et en me relâchant. Un peu à l’écart, je ne suis pas « dans les pieds » mais je prends plaisir à nager.

Sortie de l’eau, un sourire au public en délire et à mes 2 supporters et reporters. Je vois le chrono : un peu plus d’1H04 ! Je suis content de moi d’autant que je n’ai pas tapé dedans. Je récupère mon sac de transition et me change hors de la tente. Je mets mes gels dans la poche gauche, les barres dans la poche droite et un sac Malto+hydrixir au centre. J’ai adapté ma stratégie ravitaillement aux conditions : il y a un ravitaillement tous les 20/25kms, ce sera donc un bidon d’eau à chaque fois, et un grand bidon Malto+Hydrixir tous les 2 ravitos.
La zone de transition est très longue, j’ai donc mis les chaussures sur les pédales tenues par des élastiques pour ne pas avoir à courir avec, comme les pros quoi !
Le départ est conforme à ce que je pensais, c'est-à-dire : je n’arrête pas de me faire doubler alors que je mouline à 29-30kmsh. Après la promenade des anglais, le vent est de face, normal, vu la chaleur de la nuit !
Je suis étonné du nombre de petits groupes qui me doublent en draftant… je verrai même un triathlète dans l’aspi d’une camionnette pendant 3kms… ça se calmera un peu au fil de la course.
Au bout de 30kms (de vent de face), la première difficulté : la montée vers Carros : 4,5kms de montée et 3,5 de faux plat. Comme à Vendôme, je double pas mal de monde dans les montées, pourtant je ne force pas…Le compteur marque 22kmsh.
Première descente vers le rond point de la Manda et… comme à Vendôme je me fais déposer par des fous furieux. 45-50 voir 55 est pour moi largement suffisant et je n’ai pas envie de me retrouver dans le décor bêtement. Un premier coucou à mon équipe de supporters.
La chaleur commence à monter. Je fais bien attention à boire BEAUCOUP (2x en 5’ au lieu d’1x en temps normal), un gel par heure et un peu de barre énergétique aux 1/2H.
J’attaque à présent les 18kms de montée vers Pra David. Ça passe bien, je suis entre 20 et 25kmsh et double toujours autant de monde dans les montées. La faible vitesse permet de regarder le paysage et la température monte toujours.
Une petite descente pour récupérer avant la difficulté du parcours (en théorie) : une montée d’1,5kms vers Bouyon à 7% qui passe en 39x19 avec 50m sur le 21 pour ne pas forcer… Cela fait 2H30 que je suis sur le vélo et tout va bien.
Le paysage est grandiose, et la route jusqu’à Roquestéron permet de l’admirer (km86,5). Le vent a commencé à baisser, mais est en fait en train de tourner, et on l’aura de face pour le retour. Mais comme il est chaud donc moins dense, il n’est pas trop pénalisant. Par contre je me doute qu’il dessèche énormément et comme dans les descentes il vaut mieux rester les 2 mains sur le guidon, je veille à boire beaucoup juste avant et juste après. Par moment, j’éprouve la sensation d’ouvrir la porte d’un four en me prenant une bouffée d’air chaud.
Mais cela ne m’ennuie pas trop…alors que je déteste le chaud… comme quoi tout est psychologique !
Il n’y a pas foule sur le parcours, mais des gens nous encouragent à chaque village. Ca me va.
Ravito perso à Roquesteron et on attaque une zone de faux plat vent contraire jusqu’à Pierrefeu (km96) puis une montée vers Gilette (km108) qui tarde à venir (plus des successions de faux plats montants et descendants en fait).
Une grosse descente de 7kms ou … je me fais encore déposer et c’est 10kms vent de face sur la nationale pour avoir le droit de faire un coucou à mon « équipe » au 115ème et entamer un retour identique vent de dos jusqu’au Pont de l’Esteron.
On aborde à nouveau la montée vers Carros du début avec 100kms de plus dans les pattes. Du coup je mets 39x19 au lieu de 39x17 et je tourne souplement à 19kmsh, mais les autres ont ralenti d’autant, donc je double…il faut bien que je le fasse quelquepart !
Descente vers Gattières, beau paysage… un aller retour de 8kms faux plat montant/descendant, une descente vertigineuse jusqu’au plancher des vaches et il ne reste plus que 20kms de plat jusqu’au parc.
C’est l’heure du bilan : j’ai bien bu, plus ça aurait été difficile, je me suis alimenté correctement, et j’ai les sensations aux jambes qui correspondent à ce que je m’étais fixé. Donc c’est bon…par rapport à mon estimation…
J’enlève mes chaussures avant la zone de transition, je saute de mon vélo, et donne un baisser sur le guidon de mon BH en remerciement du service rendu (6H16 pour le vélo, mais il n’y a « que » 176,61kms à mon compteur) avant de le confier à un bénévole.
Je récupère mon sac, les bénévoles m’aident à me changer et me tartinent de crème solaire pendant que j’enfile mes chaussures. Je ne prends pas ma sacoche avec mes gels et je pense à coach Bertrand en me disant qu’il avait bien raison : courir à l’entraînement avec une sacoche ne pose pas problème, mais sur le marathon d’un IM, on n’a pas trop envie de s’encombrer, d'autant que les ravitos ont l'air copieux…
Je jette un œil au chrono : 7H31, coooolllll !
Je ne vois pas mon équipe de choc (j’ai été trop vite pour eux ;-), et j’entame la promenade des anglais.
Le parcours est un A/R à faire 4 fois en léger arc de cercle, donc on voit tout le parcours…Ah oui c’est loin quand même…
Je pars comme à l’entraînement. Je suis les conseils de coach Stéphane : je marche quelques mètres à chaque ravito pour m’alimenter. Il fait toujours aussi chaud, donc tous les 2,5kms c’est : 2 éponges sur la nuque, et en alternance : 2 verres d’eau / 2 verres d’eau+un gel (power bar goût passion, mon préféré !). Les bénévoles nous arrosent avec des jets d’eau à chaque fois.
Je croise les pros qui ont l’air d’en baver…
Fin du premier tour bouclé en 1H02 (pause pipi incluse). Ca va.
2kms plus loin, je sens les quadriceps se durcirent un peu. C’est assez ténu, mais j’écoute le signal d’alarme. Là je comprends une chose : un marathon à sec, c’est tenir une allure, un marathon sur IM, c’est gérer une condition physique. Je ralentis donc un peu, afin de m’économiser.
Second tour bouclé en 1H08…Ca va.
2kms plus loin, rebelote, ça va beaucoup moins bien tout à coup.
Je ralentis un peu jusqu’au 25ème et me rappelle les conseils d’un triathlète : si tu sens que tu commences à te cramer, force toi à marcher un peu au lieu de t’exploser complètement.
Je m’oblige donc (parce que marcher sur une course, je ne m’y suis jamais résigné) à marcher sur 1km après le demi tour.
Des nuages arrivent et masquent un peu le soleil. Une petite pluie viendra même nous rafraîchir un peu plus tard... mais les heures chaudes sont déjà passées...
Je recommence à trottiner après le ravito… mais là ça devient dur…les quadriceps un peu en béton… et mon genou gauche commence à me faire mal (vieille blessure de guerre).
Réflexion du tour : il faut être humble devant l’IM !
Je fais de petites pauses marche tous les 2kms, mais je me rends vite compte que : j’ai mal aux quadriceps quand je cours, je marche et lorsque je recours j’ai mal de la même façon…Donc je cours tant que je supporte la douleur, quand je ne tiens plus, je marche 100m puis je repars.
Paradoxalement c’est dur mais je me sens DANS L’IRONMAN (comme le disait un supporter d'une voie très calme à chacun d'entre nous pendant 2 tours : "Allez les gars, c'est maintenant que l'ironman commence, c'est maintenant qu'il faut se rentrer dedans") !
3ème tour bouclé en 1H24…forcément en marchant un peu, ça va moins vite…
Début du 4ème tour et réflexion du moment : un IM, ça se MERITE !
J’avoue que j’en chie un peu là…
Mitch se propose de m’accompagner mais comprend sans que j’ai besoin de lui expliquer que ce n’est pas nécessaire. Je suis seul avec moi-même et être à mes côtés n'y changera rien.
Mais en voyant des gars qui en sont à leur second tour et déjà en train de marcher je me dis que je n’ai pas de raison de me plaindre. Il faut juste mettre le cerveau sur « OFF »…
Mon genou me fait souffrir et m’oblige à marcher régulièrement. Il faudra que je m’oblige à traiter le problème au retour…
Les spectateurs nous encouragent tout le long du parcours, ce n’est pas noir de monde, mais suffisant pour nous soutenir. J’essaie de remercier à chaque fois les mots d’encouragements.
Depuis le 30ème j’ai arrêté les gels et j’alterne 2 verre d’eau/ 1 verre d’eau et 1 verre de coca. J'ai du boire 6L sur le vélo et 4L en cap!
Demi tour et la sensation que la promenade est encore un peu plus longue que la fois précédente…
Un triathlète avec qui j’ai fait connaissance lors de la pasta me croise et m’encourage. Il en est à son second tour et marche, il finira malgré tout, bel exemple de courage et de volonté !
Le panneau des 40kms s’offre à moi.
Plus que 2,195kms… j’en chie mais je commence à me dire que c’est presque fini avec un brin de nostalgie (sisi, c’est possible aussi dans ces moments là…).
Le speaker m’annonce, j’entends un dernier « Allez mon doudou ! » de ma chérie (ça fait bien rire les spectateurs) et je passe sous le porche d’arrivée en 12H35’ !
Ca y est je suis FINISHER !
Je ne réalise pas vraiment. Sophie et Mitch me rejoignent. On part sous la tente. Je m’assieds sur une chaise et regarde la médaille autour de mon cou. Je comprends alors qu’un IM est quelque chose de tellement personnel qu’il est difficile de le partager. La plus belle victoire n’est pas celle contre le chrono ou la place, mais celle que l’on a contre soi-même.
Il y a pas mal d’athlètes sous perf, et quelques uns qui semblent être bien s’effondrent en se ravitaillant.
Ma femme est ravie pour moi et a été sur les nerfs toute la journée, notamment sur le marathon lorsque les pompiers passaient (une dame dans un groupe a voulu passer malgré les interdictions d’un bénévole et s’est pris un concurrent en vélo. C’est le vélo qui a gagné).
Sur la table de massage, je lance à Mitch « à toi maintenant ! ». C’est tout le mal que je lui souhaite !
Le lendemain : mal au genou et aux quadriceps et une sensation de fatigue générale. Mais le retour a été assez rapide et je n’ai pas eu le temps de beaucoup dormir et me poser.
Aujourd’hui (surlendemain) : retour au boulot… pfffuuu…les quadri vont mieux, le genou aussi.
La pensée qui m’accompagne depuis dimanche soir : quand est ce que je pourrai franchir la ligne d’arrivée en murmurant « 2 fois » ?
Ce premier IM est pour moi comme un rêve. Plus les heures, les jours, passent, plus les sensations éprouvées deviennent diffusent et lointaines… le seul moyen de les retrouver sera de les revivre…
C’est pour cela que j’y retournerai. Et puis même si je suis content de ma course, je le suis encore plus de savoir que je peux encore progresser dans la gestion de course, maintenant que je sais ce qu'est un semi après un gros échauffement :wink: .
Rien ne prépare à un IM, si ce n’est un IM…

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Super ton récit , je me suis projeté 3 ans en arrière à Gérardmer! Je crois que le virus est en toi.Bravo

Anonyme a dit…

Pas grand chose à dire... Je pense que c'est comme pas mal de chose, on ne se rend vraiment compte que quand on le fait!
En tout cas, bravo!

Anonyme a dit…

Bien joué!!! c'est génial... Bonne récup!!!

Anonyme a dit…

Bravo ! Récit prenant.
J'ai hâte d'y être (Embrun 2006)

nono

Anonyme a dit…

Bravo pour la course et pour l'article

Super ton récit , on a vraiment l'impression d'être avec toi pendant toute la course.
Pour moi ça sera l'année prochaine.....

Anonyme a dit…

Bravo !!! J'ai eu exactement les mêmes sensations que toi sur cette course avec à peu près les mêmes temps !, sauf que moi, au 15ème à pied, j'ai été pris de violents vomissements qui se sont accentués jusqu'au second demi tour où je me suis retrouvé sous la tente avec une perf dans le bras... Je ne suis donc pas encore finisher, mais j'y arriverai !

Antoine a dit…

Heureux de voir que ta motivation est intacte!
Merci à tous pour vos messages!

Anonyme a dit…

Félicitations !!
Tu as réussi...
Bisous
Pélagie

Anonyme a dit…

Felicitations !!!
Tu as réussi.
Bisous
Pélagie

Antoine a dit…

Merci pépé! En plus 2x!-)
A bientôt j'espère!

Antoine a dit…

Merci de m'avoir mis tes impressions!
Pour l'année prochaine, je dois attendre quelques mois avant de savoir quand je serai disponible... L'autriche me tente l'Allemagne aussi et maintenant que j'ai fait un IM "chaud"...pourquoi pas Lanzarote?!