Nice, deuxième épisode

Dimanche 25/06/2006

6H27, je tape dans mes mains. Devant moi la méditerranée calme, à ma gauche le soleil qui se lève, derrière et sur les côtés 1150 triathlètes qui font le même geste. L'hélicoptère tourne au-dessus de l'eau, le speaker fait le show mais je ne l'entends pas vraiment. Je viens de saluer une dernière fois Pierre et Willy. J'ai les yeux humides...sûrement le vent du rotor...J'ai une pensée pour ma femme et mon futur bébé. J'en frissonne. Cela se reproduira souvent dans les heures qui viennent.

6H30, le coup de feu claque, je déclenche le chrono et je me précipite dans l'eau. Je suis dans le sas "1H10", en seconde ligne. Je pars tout de suite en 3 temps pour me forcer à allonger et ne pas partir sur un faux rythme afin d'être le plus régulier possible durant les 2 tours et ne pas perdre des forces inutilement. Au bout de 200m une vive brûlure à la cheville, au cou et à une main. Méduse. Je ne panique pas, me concentre sur ma nage, la douleur est vite oubliée.
Mis à part quelques heurts avec des triathlètes qui zigzag par rapport à la trajectoire le premier tour se passe sans histoires. Un oeil sur le chrono : 28'... il n'y a pas la distance. Je replonge pour une seconde boucle, un peu à l'écart de la masse car je vise la seconde bouée directement. J'estime être dans le premier tiers.
Je prends plaisir à nager, essaie d'être économique, je suis calé sur mon rythme, tout va bien.
Fin de la natation : 57'30 au chrono. Bien, j'ai été assez régulier. Je remonte de la plage du centenaire et effectue une transition minimaliste (je suis déjà en trifonction sous la combi). Un long footing d'échauffement jusqu'au bout du parc vélo et c'est parti.
J'enfourche mon everson à la volée, lance la machine, enfile les chaussures, passe le 52x17 en souplesse et je me ravitaille, posé sur le prolongateur.
Le bitume est impeccable et ça roule tout seul pour le moment.
Quelques triathlètes me doublent sur un rythme de MD, je n'y prête pas attention. Un bon point, je vois moins de drafting que l'année dernière.
10ème km je double l'autre Pierre du PSCTRI avec un petit coucou.
20ème le "mur", en fait une butte de 500m à un bon 10% que je monte en souplesse sur la selle. Une petite relance, faux plat montant, 52x19, ça roule...
Première descente, j'envoie, toujours au prolongateur, tout à droite, c'est bon!
50ème, un supporter nous donne nos places : 221ème, cool! On attaque les 20 kms de montée. Je vois un pro abandonner devant moi. J'ai décidé d'y aller doucement dans les côtes. Je passe 39x27 quand ça grimpe, et me mets en danseuse sur 39*21 de temps en temps. Je suis souple et je ne fais que doubler. Au bout d'une dizaine de kms je me retrouve en compagnie de quelques pro féminines que j'encourage.
70ème, le col! Ravito perso, vent dans le dos, quelques faux plats descendant, le compteur ne passera jamais sous les 50kmhs.
Quelques descentes/montées/faux plats plus tard je me retrouve sur l'A/R du côté de Vence. Je croise Alexandra Louison qui a 8' d'avance.
110ème : j'apprends que je suis 169ème. Bien, mais rien n'est joué, je ne suis qu'à mi-course, on ne s'enflamme pas!
130ème on attaque les grosses descentes.
Après bouyon, je suis avec un petit groupe qui roule fort et on aperçoit sur la droite quelques éclairs sous un gros nuage. La descente jusqu'au rond point de la manda se fera sur un rythme de folie : relance à bloc après les virages, au prolong à mouliner partout ailleurs. Le but : arriver en bas avant la pluie car le sol est poussiéreux et ce ne serait pas bon...
Les premières gouttes tombent une fois le plancher des vaches atteint. Je reste prudent, à raison car je serai témoin de 2 chutes juste devant moi (à ajouter à 2 autres dans les dernières descentes). Les derniers kms ente cap 3000 et l'arrivée se font vent de face, à 27kmh à fond... Je double Alexandra Louison quelques kms avant l'arrivée. Elle a l'air d'en avoir marre du vent. Je lui lance : "allez alexandra, le marathon c'est pour toi!".
5H43 pour 176.5kms (identique à l'année dernière)
Transition éclair et c'est parti pour l'épreuve de vérité.
Je n'ai pas fait de sortie de plus d'1H30 à l'entrainement (3 ou 4) et un MD, mais beaucoup de "gros" enchainement vélo-cap. C'est à présent que mon pari va se révéler payant ou non.
Je pars sur un rythme "footing du dimanche" sans me préoccuper des gars qui peuvent me doubler. J'essaie d'avoir une foulée équilibrée, la moins heurtée possible.
Alexandra me dépose au bout d'1km... normal!
Premier 5km bouclé en 27'35 avec une pause pipi. Bien.
Je ne me fixe aucun temps final. Je sais que tout peut basculer en 1km, donc je continue. A tous les ravitos (1,7kms) je prends le temps de bien faire les choses : boissons énergétiques, 2 éponges, 2 verres d'eau sur la figure et la nuque.
Les kms défilent, très régulièrement. Nos prénoms sont marqués sur les dossards et les encouragements "personnalisés". Les parents de JoL du SAS TRI m'encouragent et cela me fait vraiment plaisir. Pierre (Mitch) part avec un tour de retard sur moi, il a fait un super vélo! Mais je ne vois pas Willy...
Les 5kms suivant seront tous alignés entre 27'20 et 27'50. Les jambes tiennent, la tête tient. Je me dis que c'est un bonheur de faire un IM bien préparé mais ne préjuge de rien tant que le 40ème km n'est pas là.
Dernier tour, je suis dans le même état, j'accélère un tout petit peu (27' aux 5kms). Je le paie au 35ème, mais je me mets en mode "éco" : foulée rasante, plus courte, je respire bien, balance les bras.
40ème, je réaccélère un peu, dernier chouchou, une forumeuse d'onlinetri court à côté de moi pour m'encourager. Je fais demi tour.
Je me mets en position de départ sprint et je pars pour "50m de folie". J'écarte les bras, je franchis la ligne, les larmes coulent. Je suis heureux.