Faire un CR d’une cyclosportive !!! Une chose que je ne concevais pas il y a encore peu… mais enfin, je pense que cela est intéressant car il regroupera à peu près
TOUT CE QU IL NE FAUT PAS FAIRE pour espérer faire son meilleur classement possible.
Faire une cyclo, ça s’apprend !
Arrivée sur les lieux pour la première édition de cette course de 165kms et 340 inscrits au petit matin sous un beau ciel bleu et une température encore fraîche. Retrait du dossard, préparation du matériel. Mon mulet fait pâle figure à côté de la débauche d’euros environnante… les triathlètes sont encore en-deça… à propos de triathlètes j’aperçois quelques gars avec des vélo équipés de cintres aéro ou de prolongateurs… damned… j’aurais du prendre le vélo de chrono J
Enfin, le but est d’être dans les conditions d’une cyclo, profiter du beau temps et « voir ce que ça fait de faire 165kms en n’ayant que des séances courtes à l’entraînement » (hormis la sortie de 100kms de dimanche dernier).
Stevan11 m’aperçoit et je glâne quelques conseils entre 2 discussions matos et le pesage de son vélo qui fait grosso modo la moitié du poids du mien. Jolie bête !
Direction le départ quelques kms plus loin donc petit échauffement. Puis après la petite présentation commune à toute épreuve sportive, le départ est donné.
Il est annoncé 20kms de « course neutralisée » avant le vrai départ.
Chose 0 : oui "zéro" car ne concerne pas la course proprement dite... Il n'est pas malin d'espérer s'arrêter dans une boulangerie pour petit déjeuner un 1er mai à 6h30... Le plan d'urgence a consisté à acheter un paquet de barres énergétiques et à m'empiffrer pour ne pas partir le ventre vite sur la course... c'est malin...
Première chose : pour moi, course neutralisée signifiait les mains en haut du cintre, à tournicoter les jambes en discutant avec son voisin… QUE NENI ! Ca roule à 35 sans effort certes, MAIS : ça pile, ça réaccélère comme des mulasses et je suis infoutu de garder ma place dans le peloton donc je me fais passer et arrivé en fin de peloton je dois me taper un CLM pour le remonter… c’est marrant mais bon, hein… y’a 165kms quand même…
Deuxième chose : ne pas faire de pause pipi. Parce qu’après c’est RE-CLM pour remonter tout le monde et 1’ de perdu sur un peloton à 35 à l’heure c’est 600m à combler tout seul à 40 à l’heure…
Troisième chose : être bien placé (devant) quand le vrai départ est donné et surtout repéré quand celui-ci est donné… Je suis donc dans le groupe 4… ce qui signifie : 10kms de CLM pour rattraper le groupe 3, 2’ de récup et re 10kms de CLM pour ramarrer le groupe 2… là je commence à me dire que c’est sympa mais que j’ai compris 2 choses : tes copains derrière sont ravis quand tu roules et très discrets ou timides, te laissent devant pour pas te déranger tout en jouant à la sucette avec ta roue arrière… Et après 20kms avec un compteur qui affiche 39-40 sur le plat je commence à avoir les cuissots qui chauffent… Mais bon, je vois le groupe 1 500/600m devant, je me dis donc que c’est trop bête, je me reposerai après… Je fais le CLM de ma vie, le compteur passe à 42/43 sur le plat, le cardio je sais pas je vois plus rien, j’ai un goût amer dans la bouche, j’ai mal partout, je souffle comme un âne, je grapille mètre après mètre… reste plus que 200/300m… mais merde, ils vont bien prendre un relais derrière quand même hein, non, que dalle, je continue à rouler comme un demeuré, j’arrive même plus à me moucher, la bave coule… allleezzz qqquuuoiiiiii … eh ben non… j’ai du faire 10’ ou 10kms comme ça, je sais pas, je me relève et sans pitié et sans un regard les gars me passent… je me laisse couler comme une loque dans le groupe et je réalise au bon moment que je suis à la fin du groupe juste avant de me faire décrocher… Là ça continue, infoutu de me caler, je fais le yo yo… dans les premiers à prendre des relais ou les derniers à veiller à ne pas perdre quelques mètres… Je finis par retrouver stevan qui a sauté du premier groupe dans une bosse et a assisté à ma tentative… C’était joli… merci… Je sens bien que les cuisses (le coeur, les poumons, la tête, tout quoi...) en ont pris un coup mais bon… on continue. Je me fixe sur lui pour réussir à rester au cœur du groupe et ça va un peu mieux. Je m’habitue peu à peu aux relances brutales, aux accélérations dans les côtes… il faut veiller à toujours être sur le bon braquet et toujours prévoir en permanence sinon la sanction est immédiate.
Quatrième chose : NE PAS RAVITAILLERArrivé au ravito du 90ème dans la tête du groupe (pour une fois que je fais un truc bien…), j’avais dans la tête qu’il y avait un accord « tacite » de neutralisation lors du ravito… Je m’arrête, baisse la tête pour prendre un bidon, l’ouvre, relève la tête en le tendant à une gentille bénévole, regarde autour de moi et…. Plus personne… Gasp… les rats… Je repars au taquet mais je n’aperçois pas le groupe à travers les virages nombreux d’un parcours qui est plus vallonné à présent… Je donne tout ce que je peux, récupère 5 gusses arrêtés suite à une chute et on essaie d’organiser la chasse… Je prends de gros relais avec un gars puis me fait prendre 10m misérablement dans une bonne côte… 10m qui deviennent 20 puis 30… et voilà… Je me retrouve seul avec 2 gars pas frais non plus… J’aperçois le groupe 2 à 1kms devant… mais bon… je suis cramé et un de mes 2 comparse vient me relever quelques minutes…
Cinquième chose : QUAND ON EST LACHE FAUT ATTENDRE LE GROUPE DE DERRIERE ET PAS CONTINUER A ROULERJusqu’au 125ème kms on roule donc à 3, dont 2 pas bien du tout et 1 gars pas bien, donc le gars pas bien (devinez qui) et en bon triathlète… ben il roule (enfin, il fait ce qu’il peut…) en priant pour que de temps en temps il se mette à l’abris, ce que ses compagnons d’infortune lui accordent avec gentillesse.
Tout ça pour au final se faire reprendre par le groupe 3… ben oui, c’est logique… mais tout en étant passablement out donc serrage de dents pendant les premiers kms pour pas me faire lâcher à la faveur d’une bonne côte (on en a eu 3 de 12%... et ça fait mal…).
Je vais de 5 en 5… et surprise au 135ème, un groupe d’une 20aine d’unité déboule de la droite… il s’agit du groupe qui chassait à 30s derrière une échappée en tête et qui a suivi une moto de l’organisation qui s’est trompé de chemin…
Forcément ça accélère un peu durant quelques kms mais le rythme reste raisonnable.
J’ai un peu mal à la nuquer, aux lombaires, aux fessiers, aux jambes, aux poignets, le sel me pique les yeux, les lunettes sont à moitié opaques, j’ai presque plus d’eau, donc tout va bien…
Je reprends peu à peu un peu de poil de la bête et comme on a retrouvé stevan qui a sauté du groupe devant (encore dans une bosse…) je cause un peu… je reprends quelques relais ou reste en tête du groupe puis l’arrivée approchant et après une dernière longue côte montée à un bon rythme je me laisse couler pour finir en souplesse…
Je franchis la ligne en 5h05 pour 167.5kms et 1180m de D+, le vainqueur finit en 4h31… ça rigole pas…
Avec un peu plus de tactique je pense qu’il m’aurait été possible de rester dans le groupe 2, et gagner un petit ¼ d’heure mais bon… tout ça est hypothétique. L’essentiel est d’avoir fait une grosse séance, d’avoir atteint des vitesses en config « route » sur le plat que je pensais inaccessibles et de m’être fait plaisir, sisi, je le reconnais, sur une cyclo…
Cela étant, le niveau est quand même impressionnant par rapport à celui du triathlète moyen que je suis. Et il faut un sens tactique et technique réel pour s’économiser et faire l’effort approprié pour rester au bon endroit au bon moment.