mardi, juin 24, 2008

IM Nice 2008 : Jusqu'au bout...

Mercredi 18
je passe la journée à monter un VTT « TRI » … inutile puisque je n’aurai pas le temps d’effectuer la mise au point, mais cela occupe et évite de ruminer à quelques jours de la course… je ne me sens pas dedans d’ailleurs…
Arrivée de Damien (XD) qui sera mon copilote encore une fois comme l’atteste la petite pancarte de réservation mise derrière le pare soleil du picasso il y a déjà un an… Je lui ai préparé une petite « déco » de la voiture en clin d’œil à sa gestion de course de l’année dernière (seulement 1L de boisson sur l’ensemble du parcours vélo…) : gourdes accrochées dans la voiture, pancarte « Il faut boire », un dessin de chameau affiché sur la lunette arrière et l’inscription –XD- Sub 13 qui annonce la couleur !

Jeudi-Vendredi-Samedi :
Les jours qui précèdent la course sont du pur plaisir. Je retrouve les « potes triathlètes » qui sont devenus des amis au fil du temps et j’en découvre d’autres que j’espère retrouver à l’avenir. Les rites sont respectés (mac morning sur le trajet voiture, petit resto habituel dans le vieux nice, retrait des dossards, natation tous les matins avec « prise de temps » sur un parcours en triangle entre les bouées de la zone de baignade). L’ambiance est là. Je n’arrive pas à être « dans la course » comme les années précédentes et cela me permet d’observer chacun et voir la pression montée, les objectifs s’afficher, les craintes grandir, le stress changer les visages (le changement de tête de certains le samedi matin était étonnant).
On répète les stratégies, on s’interroge sur le matériel, la configuration idéale, la météo.
La chaleur monte un peu plus chaque jour… première chaleur de juin qui risque de faire des dégâts…
Je n’arrive pas à me donner d’objectif… 2005 le but était de devenir un IM, 2006 courir tout le marathon, 2007 me faire plaisir sur le vélo, partir vite en cap et voir combien de temps tout cela tient… A présent je suis dans l’inconnu… viser un meilleur temps est utopique, je suis dans l’inconnu sur mon niveau vélo réel et je ne sais pas qui de la cheville ou les jambes lâchera en premier…
Je remets à dimanche, sortie du parc vélo après la première transition la prise de décision.
Dépôt du vélo sous le cagnard… le souvenir de 2005 n’est pas loin… le parc est toujours aussi grand, près de 2300 partants contre 1300 en 2007… le matériel high tech côtoie quelques hérésie pour le triathlète maniaque (mini vélo, vieux vélo de course 6 vitesses tout acier, VTC… je pense à mon VTTTRI…) qui vient de ranger soigneusement son beau vélo tout aéro et tout carbone luisant sous le polish… Le fric tuera l’esprit de notre sport… J’y participe indirectement mais avec un vélo de 2002…

Dimanche :
3H45 :
Le planning est rodé. Réveil « normal », petit déjeuner dans la chambre avec un passage en voleur dans les cuisines pour prendre du café J (merci d’avoir laissé la porte ouverte et la lumière allumée), passage aux toilettes (trèèèsssss important), et on se dirige vers le parc.

5H : on vérifie tout, les pneus sont gonflés, les barres et gels scotchés sur le cadre, les chaussures accrochées sur le vélo, rien ne dépasse, je repère bien le numéro de l’allée et me remémore l’emplacement de mes sacs transition.

5H30-6H : 30’ de mécanique avec un changement de câble de dérailleur arrière d’un concurrent espagnol et Mitch qui vient me voir suite à petit problème de valve (changement de chambre à air à 2’ de la fermeture du parc…). Du coup, je ne vois pas le temps passé et j’arrive un peu à la bourre au bord de l’eau.

6h20 : Un dernier mot à swsh, willy, je n’ai pas vu damien, je suppose que Pierre est dans le coin, Ben et Cyril ont pris leur place. Tout le monde est prêt au milieu des 2300 furieux les pieds au bord de l’eau. Je me place complètement sur le côté pour pouvoir partir à mon aise, même si je parcours 50m de plus sur le premier bord…

6h29 : J’ai l’impression d’être extérieur à ce qui se passe, sensation bizarre de profiter de la course de l’extérieur tout en étant à l’intérieur…

6h30 : GGGOOOOO !!!! Natation de rêve, 1000 premiers mètres à nager seul, à mon rythme, le bonheur… la suite est relativement calme. Je sors en 39’20 du premier tour (2400m) et replonge pour le second de 1400m. Le soleil nous éblouie, c’est magique… sortie de l’eau en 1h00’58 au compteur, mon meilleur chrono malgré ma stratégie « tout à l’extérieur » mais une bonne gestion de l’effort.

T1 : je cours (doucement… rester prudent sur la cheville), récupère le sac, transition rapide. Pour les spécialistes : short de sotto (sans peau de chamois…), maillot vélo, casquettes, lunettes, dossard et… un petit footing pour aller chercher le vélo et sortir de ce llloonnngggg parc.

Vélo :
Là… le déclic… je sais ce que je veux : ROULER sans gérer, et courir quoiqu’il arrive derrière.
Le cardio m’indique que je suis sur un rythme « moyenne distance » et que je roule largement au-dessus de mes capacités… peu m’importe… une très légère brise souffle de face sur les 15 premiers kms de plat et malgré cela je roule 1’ plus vite qu’en 2007 sur les 40 premières minutes… glup…
Cela étant je suis étonné de voir que ça roule fort autour de moi…
Au bout de 30kms dans un faux plat montant un avion nous passe, Jalabert est parti pour faire le show… impressionnant
Début de la montée vers le col de l’ecre, je double et suis doublé… je m’interroge sur mon niveau vélo de l’année… d’ordinaire en côte je fais la différence… pourtant le passage au sommet sur les mêmes bases qu’en 2007 m’indique que les jambes sont encore là.
Le cardio n’est présent que pour tenter de m’affoler un peu et m’indiquer que la suite va être dure…
Sur l’aéro, 53*11, les kms défilent, les cuisses chauffent, m’indiquent qu’au bout de 80kms elles sont dans le même état qu’à Troyes et qu’il en reste encore 100 avant… le marathon.
Peu m’importe, je suis là pour respecter ma vision de l’Ironman : aller au bout de soi-même et se faire plaisir à la hauteur des sacrifices que l’on a fait et fait subir aux autres tout au long de l’année.
J’ai du mal à suivre le rythme en faux plat descendant face à quelques groupes organisés s’autorisant du drafting avec l’excuse des « trajectoires » en descente… toujours est il que je ne m’économise pas à distance réglementaire pendant que devant les mains sont posées sur le cintre et la roue libre fréquente…
Cela m’agace quelque peu mais bon…
La cote de Saint Pons est toujours aussi délicate à gérer après ces kms de descentes puis l’aller retour avant coursegoules est très sollicitant même si roulant. Je perds 4’ sur mon chrono de 2007 dans cette portion de 49kms… Aïe…
La côte de coursegoules est avalée à bon rythme, puis on attaque les toboggans ponctués par la côte du broc et un faux plat difficile vers le 150ème.
Entre temps, je roule un peu en compagnie des 2 premières féminines qui roulent vraiment fort en descente… accompagnés par des motards des médias peu prudents…
La dernière descente technique fait l’objet de grosses prises de risques qui ne me permettent cependant pas de revenir sur toujours le même peloton…
Les 15 derniers kms de plat, face au vent chaud qui impose encore un peu plus de rigueur sur l’hydratation restera longtemps dans ma mémoire…38kmh, sans compter, un coup d’œil au cardio pour vérifier que je suis toujours à 90% de ma FCMax vélo, ce qui me fait sourire de façon déraisonnable… je suis concentré, néglige ce groupe qui roule devant moi au loin, mains sur les cocottes. L’IM est un effort solitaire, on le fait pour soi, pour se connaître, inutile de perdre de l’influx en reproches inutiles…
Les derniers kms sur la promenade me permettent d’encourager les premiers pro et d’en rajouter encore un peu à vélo… dur, inutile mais grisant et je ne suis plus à cela prêt !!!!
Je pose le vélo en 5h18… je n’ai rien perdu sur cette dernière portion sur mon chrono 2007.
Un peu plus de vélo au parc qu’en 2007 (mais plus de concurrents aussi), je trottine jusqu’à la tente de transition.

T2 :
Flora du forum onlinetri s’occupe de moi et me dit « fais ce que tu peux maintenant ». Je ne sais pas si la cheville va tenir, j’ai couru 5h en tout depuis ce foutu 27 janvier 2008, ce que je sais simplement c’est que les jambes ne vont pas aimer du tout… et que je ne me donne pas le droit de marcher.
Il fait vraiment chaud... la course va être dure! Copste me passe au bout de quelques centaines de mètres avec un petit mot d'encouragement. Je vois Mitch arriver peu de temps après (5h37 en vélo, BRAVO!), je devine XD de dos au retour du premier tour mais déjà je suis "ailleurs"...
Vu de « l’athlete tracking » j’ai effectué une course à pied « gérée », « régulière »…
Vu de l’intérieur, je me suis battu pour chaque mètre, tirant sur les bras tel un coureur de 400m malgré mes 10kmh, concentré en permanence sur chaque geste, cherchant tout ce que je pouvais avoir d’envie, de courage, de rage au fond de moi pour supporter la douleur. Les larmes coulaient toutes seules par moment mais elles n’ont jamais été de découragement ou d’abattement, simplement de douleur.
Merci aux triathlètes qui m’ont encouragé à chaque fois qu’ils me croisaient sur la cap. Merci à Mitch de m’avoir poussé dans mes retranchements.
Je suis allé plus loin que tout ce que je pensais pouvoir supporter. Nerveusement je pense qu’un peu de temps sera nécessaire pour récupérer mais j’ai compris que j’ai enfin effectué MON IronMan.
Sans orgueil déplacé, c’est celui dont je suis le plus fier et exprimer mon caractère, cette capacité à ne jamais abandonner quand j’ai décidé quelque chose.
Cette expérience me servira toute ma vie.

Temps final : 10h41 (1h01-5h18-4h13) mais bon on s'en fout...
A la vue des chronos (des abandons et des malaises après course), le marathon à fait très mal cette année…

Bravo à XD d'être allé au bout. La natation et le vélo sont ok, reste plus que la cap!
Félicitations à Mitch pour les progrès en vélo... j'ai eu chaud sur le marathon :)
Ben boost a rempli son contrat et montré qu'avec peu d'entrainement et une configuration d'hérétique chez un cycliste (softride avec hed lenticulaire à pneus et hed jante haute à l'avant) ça passait très bien!
Swsh progresse... il va bientôt faire mal!!!!
Et cyril, nouvelle connaissance triathlétique... moins de 11h en toute tranquillité...
Merci aux nouvelles rencontres (Rouk, Léon) pour les moments de complète décontraction!
Partie remise pour Pludjamb...

9 commentaires:

Anonyme a dit…

:-)
Encore une fois résumé bien sympa qui donne une petite idée de ce que peut être un IM.
Bravo encore une fois pour la détermination et aussi pour le résultat !! C'est tout simplement énorme, impressionnant et ça montre vraiment qu'avec la volonté on arrive à tout !!
Vivement la suite !! :-)

Anonyme a dit…

Salut Antoine

Sais tu pourquoi tu ne te sentais pas dans la course ?
En tout cas une nouvelle preuve que le chrono reste qu'une petite part de l'ensemble d'un IM.
Bravo
Loïc

Anonyme a dit…

salut antoine...c'est magnus.

Belle prestation que tu as faite sur l'IM......jamais évident de prendre un départ de course sans etre a 100%...mais c'est pas evident non plus d'etre a 100%.....

Je penserais a toi lorsque je serais dans le dur a frankfurt.....

1h00 de nat c'est super bien...

Felicitations.....

Anonyme a dit…

trés bien le CR
on se croirait dans la course,
bravo pour tes temps réalisés
avec une blessure...
je fais ton blog dans le club
@+ mon gars

Anonyme a dit…

bravo pour ta course malgré une prepa tres perturbée!
mental enorme!!

Anonyme a dit…

Hello,

l'esprit Ironman dans toute sa philosophie, comme j'aime !

Bravo à toi, j'ai zappé Nice cette année mais j'y serai certainement l'année prochaine, histoire de voir à nouveau ce que je vaux sur IM...

Anonyme a dit…

Clap clap clap !!!!!

Je te félicite encore une fois.
C'est beau d'être un homme de fer.
Surtout le lendemain de la course !!!

L'esprit IM est entre bonne main.

PS : Une nouvelle tri fonction est née ; La tri-quarter Back !!!!
;-))

Re Clap clap.
A bientôt.

Rouq

Antoine a dit…

va falloir me montrer les photos ;)
Merci à tous

Anonyme a dit…

http://www.flickr.com/photos/triangleevents/2612266513/in/set-72157605826908447/
:-D