Nous voici donc ce vendredi 5 Septembre 2014 en face de la Gare Lille Flandres.
Une brasserie nous a tendu les bras, nous sommes assis à une table d’une salle accueillante, je lève ma bière et trinque avec mes amis, la flammekuche fume dans mon assiette et j’ai une petite pensée pour les 200g de charge glucidique religieusement mangés dans le TGV tout à l’heure (haribos achetés à la presse en gare du nord J)…
J’ai vu sur la carte qu’il faisait une petite « brioche façon pain perdu avec sa boule de glace » en dessert et je m’en lèche déjà les babines…
On est à Lille, l’ambiance est sympa, les amis sont là, la braderie commence à s’installer et demain, y’a semi marathon !
A vrai dire, je n’ai pas trop d’ambitions chronométriques. La priorité est le plaisir de partager avec ma femme son premier semi qui fut aussi le mien en…2003, et avec les amis qui sont aussi sur cette course. Comme j’ai un peu coaché tout le monde je me sens un peu responsable de la tournure des heures à venir, alors je cherche aussi à détendre tout le monde en se payant un bon gueuleton sans complexe !
Si je récapitule mon état de forme en bon sportif : j’ai les formes, une fesse meurtrie par un contournement de table à repasser trop rapide et qui m’a imposé un pseudo repos depuis quasi 2 semaines, et des chronos poussifs à l’entraînement assez logiques si on considère que M2/M1 = V1/V2 (V2 étant la vitesse pour la masse M2 et V1 la vitesse pour la masse M1).
Parmi les « challenges sportif à effectuer dans ma vie », il y avait 10kms en 40’ (fait), marathon en 3H15 (fait), 400m Nage Libre en moins de 6’ (fait), 1H30 au semi et moins de 10H sur Ironman…
L’avant dernier challenge me semble donc très hypothéqué … et je vise bravement un 1H34’59 demain si ma fesse le vieux bien.
Quelques heures de sommeil plus tard, je suis ronchon au petit déj (comme d’habitude), mais le craquelin au sucre du Nord me met un peu de glycogène au cœur…
Puis les petites affaires étant faites (dossard, gel dans la poche, popo de la mort), nous allâmes tranquillement vers la ligne de départ.
Bisous de dernière minute, petit échauffement me permettant de tester ma jonction ischio-fessier-psoas droit et je me glisse dans le SAS réservé aux exceptionnels sportifs (les moins de 1H30 mélangés avec les moins de 1H45… privilège que j’ai eu après avoir âprement négocié sur la fois de performances antidéluviennes…).
Bon, comme il n’y a pas vraiment de filtre à l’entrée du SAS, rentre qui veut, mais les nordistes sont respectueux les uns envers les autres donc ce n’est point le bordel.
Je calcule une dernière fois que le rythme devra être de 4’30 au km tant que ça veut bien tenir et… PAN !
20s plus tard je franchis la ligne et déclenche ma respectueuse Timex Ironman, seule rescapée des années sportives passées (la GARMIN XT 310 étant toujours au fond du lac de villiers, la tomtom gps au poignet de ma femme avec le verre félé, les polar aux fond du tiroir avec les bracelets rompus, etc…).
1er km : 4’30. Nickel, tout de suite dans le rythme, ça ne bouchonne même pas !
2ème km : 4’22’’75. Je suis un soupçon dubitatif mais même si ça avance vite je n’ai pas l’impression d’être à l’arrache… dans le doute… je ne regarde pas le chrono jusqu’au 4ème qui passe en 8’40’’00 pour les 2 derniers kms soit tu le devines peut être cher lecteur : 4’20 pour chaque km…
Là je suis un poil inquiet… ok j’ai l’impression d’être en permanence en train de relancer mais je reste détendu quand même, bien en ligne (enfin j’imagine ou j’espère), je respire bien, ça me paraît bien « tassé » comme rythme mais pas excessif… enfin pas trop…
Bon…
5ème en 4’21’’62 et donc 21’54 pour ce premier 5kms… soit 30s derrière le ballon des 1H30 parti 20s devant moi (donc 50s… eh oui tu remarqueras que je suis fort en calcul mental… mais bon, que veux tu, pendant les entraînements et les courses je passe le temps en calculant… les allures, les vitesses, les séries, les tours minutes, le nombre de pas, les respirations, etc…. tout petit déjà j’aimais ça le calcul…. Enfin bon…).
2kms suivant en 8’46’’72 soit 4’23’’36 (je te sens admiratif… tout cela est fait sans calculatrice tu sais !) et premier tiers de la course en 30’41 (donc 1h32’27 si on compte un dernier 100m à 15kmh)… serait ce le début du fléchissement inéluctable qui attend le coureur prétentieux ? Parce que là, honnêtement je suis en théorie bien au-dessus de mes pompes…
J’attends donc le 8ème en m’appliquant à courir relâché, même si je relance à chaque pas…
4’19’’14… tiens ça pète pas… encore
Puis 4’18’’68… énorme… 46 centièmes de gagné !!! On est parti sur la seconde boucle.
10me en 4’19’’59… 91 centièmes de perdus…. Sans doute le ravito… 43’38 pour les 10kms. Je croise quelques instants plus tard le premier… qui a passé le 15ème… oouaaiiiisss mais bon aussi hein, il pèse pas XXkgs lui !!!
Pas loin derrière la première femme…
Tout ça m’amène au 11ème en 4’19’’63 soit… oups…. 4 centièmes perdus… gggnnniiiiiiiiiiiiii
Bon, maintenant c’est simple : il reste 10kms. Donc il « suffit » de se mettre dans le même état que sur un 10k « sec » km après km.
Allez, hop, roule !
12ème en 4’16’’56… hollllaaaa, restons cool.
13ème 3’57’’81….
Là je vous sens interloqués, sur le point de vous demander quelle nouvelle théorie je vais être capable de pondre sur le 7ème souffle…
Ben non parce que 14ème en 4’38’’15 ce qui laisse supposer qu’un petit malin a déplacé le 13… et le temps de calculer que ça fait une moyenne 4’20’17 sur les 2 derniers kms j’arrive au 15ème en 4’16’’54 (et 1H00’50) et croise ma chère et tendre épouse au moment où je me dis que maintenant va falloir envoyer le temps de traverser la citadelle.
Pour positiver je me dis que « me mettre minable dans les 6 derniers kms c’est ce que je sais faire le mieux »… Mais pour relativiser je me dis que « faut être con quand même »…
Ca passe le temps et le 16ème en 4’14’’62… là j’avoue que je commence à moins rigoler…
Je passe donc en mode « raccourci » (non pas que je cherche à couper le parcours mais j’augmente élégamment ma fréquence de pas en raccourcissant la foulée, ce qui chez moi me sert à accélérer quand je suis à bloc ou éviter de trop ralentir quand je suis à la dérive… c’est selon).
Le 17ème passe en 4’09’’62 et je trajecte à mort dans les chemins piétons… Ma fesse commence à couiner mais je l’informe aimablement que ce serait con de péter une rotule maintenant !
18ème 4’06’’54… je commence à ventiler tout doucement… mode poële à bois qui ronfle dans la cheminée quand la tempête souffle.
Ce qu’il y a de sympa c’est que je double… je n’ai plus connu cette vitesse depuis… heu… bon, j’ai du mal à réfléchir là…
19ème et retour sur le boulevard tout long là qui va de la citadelle à l’autre bout en passant par les bâtiments machin… Le chrono ? quel chrono ? hein ? ah oui… attend que j’essuie les larmes, le sel, la bave, l’écran de la montre, que j’avale un peu le sang qui coule dans ma bouche et que je te réponde…
4’10’’57… ah ben mince… je me souviens vaguement qu’il y a eu un mini faux plat descendant dans le 18ème et le mini même montant dans le 19… on va dire que c’est ça…
Virage à gauche, je fonce vers la grand place, je prends la voie du milieu… comment ça y’a pas de voie du milieu ? Ah mince oui il y a des ilots, bon, à gauche alors, le panneau 20 me saute au visage et me crie 4’08’’21.
Je fais couiner la machine, amorce le pif paf de la grand place en ouvrant en grand, fonce le long d’hippopotamus, tricote sur les pavés, tourne à droite pour passer près de la grande porte que je vois pas… 21ème… 4’05’’44 et 1H30’02...
100m
Chrono puce officiel 1H30’22 soit 14,00959kmh (bon, ok, là j’ai pris la calculatrice scientifique).
Inespéré… Dernier 5kms en 20’41 soit plus vite que tous mes 5k « sec » à l’entraînement cette année.
Madame arrive en 2h07’20 pile dans les clous pour son premier semi !
Les amis perfs aussi.
Tout le monde est heureux !
Ce midi, c’est moule-frite-bière pour fêter ça !
Bon… A froid comme à chaud pour analyser ça… c’est coton… et je ne trouve pas d’explication. Pour le marathon, je me sens incapable de réaliser 3H15 (le contexte sera en plus peu favorable… nuit à faire au taf cette semaine, organisation du tri du club vendredi et samedi, brocante le dimanche, challenge interentreprise le vendredi de la course avec 3,6kms à bloc dans l’herbe… et soirée…) tout comme je me sentirais incapable de faire 40’ sur 10k. Ces 2 chronos sont sensés être dans la « lignée » d’un 1H30 sur semi pourtant…
Les entraînements étaient poussifs…
La fin de prépa un peu perturbée (blessure, et réveillé 3H pour un incident au boulot vendredi matin…).
Bref…
Je pige pas…
C'est l'effet bière !
RépondreSupprimerAvec l'age les effets de la bière sur l'organisme sont de plus en plus bénéfiques.
C'est pour ça que tout homme normalement constitué boit de plus en plus de bière au fur et à mesure que son age avance...